N°33 : Tristan Corbière

N°33 : Tristan Corbière

Pascal Rannou
On s’apprête à célébrer avec enthousiasme le 150e anniversaire de la naissance de Tristan Corbière (1845 – l875), auteur d’un livre unique dans tous les sens du terme: Les Amours Jaunes (1873). Skol Vreizh ne pouvait ignorer le cent-cinquantenaire.

Aussi avons-nous confié à Pascal Rannou, auteur dans la même collection d’un Guillevic unanimement apprécié, le soin de concevoir le présent volume. Les Amours Jaunes ayant fait couler beaucoup d’encre, il fallait d’abord lire avant de chercher des pistes originales. Pascal Rannou a dépouillé des dizaines de références critiques, pour découvrir avec surprise que la mauvaise foi y domine : d’aucuns “tirent” Tristan vers la religion et détournent le texte pour les besoins de la démonstration … D’autres lui dénient toute dimension bretonne, jugée a-priori péjorative…

Aussi l’étude que P. Rannou consacre à l’accueil moderne des Amours Jaunes est-elle un véritable manuel à l’usage du néophyte qui, avant de se risquer dans le labyrinthe de la critique tristanienne serait bien avisé de lire d’abord ce qu’on en dit ici. Mais on ne pouvait s’en tenir là. Après avoir montré en quoi les tendances anti-bretonnes des commentateurs traduisent un discours centralisateur qui ne repose sur aucune argumentation, P. Rannou s’emploie à cerner en quoi Tristan Corbière peut être considéré comme écrivain breton. Il aura fallu pour cela au poète vaincre un héritage familial et social lourd à porter, qui aurait dû lui interdire l’accès à une civilisation, à une culture que le bourgeois bas-breton francophone traverse en général sans la voir, surtout au XIXe siècle.

Or, Corbière l’exalte non seulement en la nommant mais aussi en empruntant sa langue et sa mythologie. Tristan Corbière est, de fait, l’initiateur d’une littérature bretonne francophone qui, sans se contenter d’exploiter une thématique, crée un langage inédit. Soucieux de ne pas faire cavalier seul, Pascal Rannou a sollicité d’autres “tristaniens” notoires. Dans Couleur Corbière, texte d’ouverture, Pierre Bazantay permet au lecteur profane de découvrir la matière des Amours Jaunes dans ce qui fait l’originalité et la nécessité du recueil à une époque où rien ne laissait prévoir son irruption. Fabienne Le Chanu, à qui l’on doit aussi un panorama de la première critique tristanienne, développe ensuite les aspects d’un Bestiaire Celtique des Amours Jaunes dont la richesse surprendra.

Yannick Lemarié aborde alors les aspects corporels du langage tristanien. Michel Jestin nous offre enfin l’argument de Petit Mort pour rire, spectacle théâtral qu’il a mis sur pied avec Yvon Le Men et qui sera donné à Morlaix le 19 mai. Une interview exclusive aussi posthume qu’imaginaire de Tristan Corbière achève l’ensemble. Une iconographie abondante illustre ce volume dont les contributions diverses ont en partage la même exigence de pensée et d’écriture.

Date de parution : juillet 1995
ISBN : 2-903313-88-1
Nombre de pages : 84 pages
Format : 22,0 x 20,0 cm, couverture souple, impression couleurs

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